De nos jours, une majeure partie
des sociétés ont le mot digitalisation à l'esprit. Cela fait déjà quelques
années que nous parlons de ceci au niveau IT, mais avec la venue de la 4e révolution
industrielle (thème principal lors de l’Annual
Meeting du World Economic Forum
à Davos en 2016), ce sujet a pris une place prépondérante au niveau des décideurs d’entreprises,
également en Suisse.
Cependant, je suis toujours très étonné de l'utilisation qui est faite de ce terme. Car, je trouve, qu’il est souvent utilisé à
mauvais escient et reste somme-tout incompris. Mais alors qu'est-ce que la
digitalisation ? Suivant le secteur d’activité et la sensibilité personnelle de chacun, cette définition peut varier. On trouve quantité de conférences sur
le sujet, qui ont pour objectif d'expliquer, de vulgariser et d'aiguiller les
décideurs en direction de la digitalisation de leurs entreprises.
Je désirais faire ce "papier" non pas pour
expliquer ce qu'est la digitalisation, je n'aurai pas la prétention d’avoir une
meilleure explication que les spécialistes du domaine, mais pour donner
un regard un peu plus pragmatique et établir rapidement quelques constats liés à des
expériences vécues sur le terrain, et ainsi peut être donner quelques pistes de
réflexion plus générales pouvant être utile avant de se lancer dans un tel
changement au sein de sa société.
Tout d’abord, la transformation
numérique d'une société ne se fait pas du jour au lendemain. Cela requiert, à
mon avis, une grande préparation et surtout de repenser en premier lieu les processus
et méthodes de travail au sein de l’entreprise, et seulement dans un deuxième
temps de communiquer et/ou fournir des outils étant destinés aux clients de la
société.
A l'heure actuelle, nous voyons trop de
sociétés pensant que digitaliser leurs produits et services équivaut à offrir
un platform web à leurs clients et s'arrêtent là dans leur démarche, laissant
ainsi leurs clients frustrés, souvent avec une solution boiteuse entre les mains !
Pour illustrer ceci, cette approche me fait penser à une publicité[1] de
Peugeot du début des années 2000 où un indien, visiblement fan d’automobile, essaie
de façonner sa voiture à l'image d'une Peugeot 206. Le
but derrière sa démarche étant bien entendu de moderniser sa voiture avec les moyens qu'il avait à disposition. Même si le resultat est proche, ce n'est pas pour autant qu'à la fin du processus, il possède une 206!
En effet,
certaines entreprises ont une approche traditionnelle qui est fonctionnelle et reconnue, mais essayent malgré tout d’emboiter le pas à la digitalisation en ne retravaillant
que la façade.
Cependant, cette approche est, à mon avis, vouée à l’échec, car les fondations ne seront pas présentes. La digitalisation doit être pensée au niveau des projets, au niveau du métier, ainsi qu'au niveau culture de l'entreprise.
Cependant, cette approche est, à mon avis, vouée à l’échec, car les fondations ne seront pas présentes. La digitalisation doit être pensée au niveau des projets, au niveau du métier, ainsi qu'au niveau culture de l'entreprise.
Reprenons l’exemple de la voiture,
retravailler la façade, équivaut à retravailler la carrosserie, mais en réalité
qu’est-ce qu’on retrouve également dans une voiture ?
- un moteur ? oui !
- un système électrique ? oui, aussi !
- des organes de transmission ? également !
- une climatisation,
mais pas que... la voiture, c’est le produit fini, délivré au bout de la chaîne de valeur, qui aura passé par différentes étapes, impliquant divers partenaires, diverses équipes et employés à tous les niveau de l'entreprise :
- R&D au travers un « concept car », présenté et retravaillé à de multiples reprises avant de prendre la forme définitive, et des années d’ingénieries dans différents domaines (aérodynamique, matériaux, mécanique, …) ;
- Production : les processus de fabrication adaptés aux technologies mise en place ;
- Marketing ;
- Logistique ;
- Vente ;
- Services ;
Pour certains secteurs, cela sera plus facile, car les produits ou services sont un peu plus prédestinés à la digitalisation que d’autres.
Voici quelques pistes de réflexions pour aborder cet important virage au sein de nos entreprises:
- la digitalisation devrait être profondément ancrée dans la culture de l'entreprise ;
- les décideurs, managers et employés doivent y adhérer pleinement dans leur rôle et tâches quotidiennes au sein de la société ;
- les processus internes doivent être retravaillés de manière à pouvoir répondre de manière efficiente aux demandes des clients ;
- qui dit digitalisation, dit traitement numérique des données, l’automatisation de certaines tâches doit y être intégrée, au niveau des infrastructures, mais pas que… la questions à se poser, la tâche est-elle suffisamment générique pour pouvoir la traiter automatiquement sans interventions humaine ? Des technologies existantes et futures liée au blockchain pourront probablement aider dans certains domaines.
- le challenge sera de repenser les emplois en sein de sociétés ;
- la digitalisation va aussi flirter avec le Big Data, dès lors la gestion des données doit être claire et précises, à l’heures de la GDPR européenne, mais aussi de la révision de la LPD suisse, il n’y doit plus y avoir d’incertitudes dans le traitement de ces données digitales, qui pour certaines peuvent être sensibles.
- il ne faut pas non plus négliger l'aspect sécuritaire qui est liée a cette transformation numérique, car nous allons avoir à faire à de plus en plus d'objets connecté (IoT ou Internet of Things), qui vont nécessiter de nouvelle mesures pour protéger les infrastructures, ainsi que l'intégrité des systèmes utilisés.